Après la mort de sa femme micmaque, Charles de La Tour épousa Françoise Marie Jacquelin, une actrice française habile et compétente, qui s’occupait souvent des affaires de son mari. Elle a notamment organisé la défense du Fort La Tour lorsque son époux était en voyage d’affaires à Boston et que son rival, le co-gouverneur Charles d’Aulnay Charnisay, a profité de son absence pour attaquer le fort.
Malgré sa vaillance à la tête d’une garnison de 40 hommes, elle fut contrainte de se rendre au bout de trois jours après qu’un garde l’eut trahie en ouvrant les portes aux attaquants le dimanche de Pâques 1645. Elle a seulement exigé que ses hommes soient épargnés.
M. d’Aulnay a accepté, mais il est revenu sur sa parole, condamnant les hommes à la pendaison et Madame La Tour à la prison, où elle devait mourir trois semaines plus tard, cinq ans seulement après son mariage.
Charles de La Tour n’avait que 14 ans lorsqu’il est arrivé à Port-Royal en Acadie en 1606 avec son père, qui avait reçu la mission d’établir de grandes colonies françaises et de représenter des investisseurs français commerçants de fourrures. L’Acadie offre alors de nombreuses autres richesses, dont le poisson, le bois et la pierre calcaire.
Charles s’adapte bien à Port-Royal. Il apprend aussi à connaître les forêts, visite les camps micmacs, s’initie à leurs coutumes et arrive même à maîtriser leur langue. En 1626, il épouse une Micmaque avec qui il aura trois filles, mais qui décédera à un jeune âge.
En 1631, Charles est l’un des gouverneurs de l’Acadie et il construit le Fort La Tour, alors connu sous le nom de Fort Sainte-Marie, à Portland Point en raison de la position stratégique du site qui était d’ailleurs déjà utilisé par les Premières Nations. Grâce à ce poste idéalement situé, Charles contrôlait le plus grand et le plus riche fleuve de l’Acadie, le fleuve Saint-Jean, qui lui garantissait pratiquement le contrôle de l’accès et du trafic à l’intérieur de ce qui était devenu la Nouvelle-France.
Il était très fier de sa demeure et de sa prospérité commerciale.
Revivez l’histoire. Les visiteurs seront reçus à partir de juin 2021.
En toutes saisons, à Place Fort La Tour, la priorité était de nourrir les gens qui habitaient ici et les soldats qui protégeaient les lieux. Il s’agissait aussi de protéger tous les trésors commerciaux qui s’y trouvaient.
Imaginez tous les délices que cette place abritait! Biscuits nappés de mélasse apportés par les navires des Antilles, sucre brut, épices, raisins secs; tartes et pâtisseries aux petits fruits sauvages, cidre de pommes, pouding aux pommes cuites au four et autres délices à base de pommes; chaudrées bien chaudes de poisson et de maïs, soupe de tortue, mets acadiens, comme le fricot de poulet et le chiard, ce délicieux ragoût de porc salé et de pommes de terre. Les jours de fête, on y préparait de copieux pâtés de gibier et, avec les restes de pâte, un dessert à la cannelle et au sucre appelé pets de soeur … Miam!
Il n’en a pas toujours été ainsi. Aux premiers jours de ce fort de traite, le gouverneur La Tour fournissait à ses soldats des rations hebdomadaires qui consistaient en deux pains de 7 lb, 2 lb de bacon, 2 oz de beurre, d’huile et de vinaigre, des foies de morue, un demiboisseau de pois secs et une pinte quotidienne de bière ou de cidre.
Cependant, au fil du temps, les colons ont ajouté à leur régime alimentaire du poisson, du maïs, des pommes de terre et des courges, se familiarisant, grâce aux Autochtones, avec les plantes et les animaux de la région ainsi qu’avec les techniques de chasse et de pêche. Le porc, le mouton, le poulet et le gibier sont également devenus des plats de viande très prisés.
Nous vous invitons à la table de Place Fort La Tour pour un succulent festin! Vivez l’histoire. Visite en juin 2021.